Faire ma vie

On se rend compte de son état d'avancement dans la vie au nombre de rêves que l'on abandonne. J'ai jamais rêvé, j'ai pas ce talent. Je vis juste en semi-conscience, une moitié dans une existence sans goût, l'autre dans des espoirs trop grands pour mes épaules. Il y a presque un an, je pensais m'embarquer dans le voyage de ma vie. Et en quelque sorte c'est vrai, j'en suis revenu différent. Et six mois après le grand retour? Rien, ou presque. Douze mois à se demander ce qui a foiré chez moi, six à accumuler les regrets. C'est difficile à maîtriser, ce genre de sentiment. Ca pousse dans tous les sens, ça peut plomber comme faire avancer. Il y a un peu plus d'un mois maintenant, j'ai trouvé des lunettes à infrarouge. Du genre à vous faire voir à travers la nuit, et comme elles font aussi jumelles, je peux voir loin. Mais, aussi astucieux que ça peut paraître, ça n'enlève pas la brume. Pour ça, il faut avancer, enfiler ses meilleures chaussures et se mettre en marche, jusqu'à ce qu'elle se dissipe. Et pour la toute première fois, j'ai pas peur. Parce que je peux mourir demain et me dire que je l'aurai rencontré. Quelqu'un qui a toujours été trop clairvoyant sur moi vient de me taguer sur une photo où des personnages représentent différents types d'amis. Moi, je suis le rêveur. Qui l'eût cru?